EDITO

Energie : le mouvement « Don’t Pay UK » pourrait passer la Manche

La flambée des prix de l'énergie et l'inflation qui ont initié le lancement du mouvement Don't Pay UK touchent aussi les ménages européens. BELGA

Lancé au Royaume-Uni avec comme objectif de rassembler au moins un million de signataires, le mouvement « Don’t Pay UK » demande au Gouvernement britannique une baisse des tarifs d’énergie. A défaut d’obtenir gain sur des mesures en faveur des consommateurs, les responsables du mouvement menacent d’appeler les ménages britanniques à refuser de payer leurs factures d’énergie. Le mouvement qui commence à prendre de l’ampleur est une réponse aux maux qui étranglent aujourd’hui les Britanniques, notamment l’inflation galopante et la flambée des tarifs d’énergie. Malheureusement, elles ne sont pas uniquement le lot des sujets de sa majesté, Elizabeth II. C’est une crise mondiale qui frappe tous les habitants de la terre et, bien évidemment, à des degrés divers.

Les citoyens de l’Europe continentale sont également touchés par l’inflation et l’augmentation des prix de l’énergie. C’est aussi une crise du pouvoir d’achat, car ces maux rognent, in fine, les capacités financières des consommateurs. Ceux-ci sont donc aujourd’hui confrontés à des choix et obligés de réduire leur train de vie. Certes, les Gouvernements ont pris des mesures pour limiter l’impact de la crise sur les citoyens. En Belgique, la TVA sur l’électricité et le gaz est ramenée de 21% à 6%, le filet de sécurité que constitue le tarif social a été étendu à davantage de bénéficiaires et des chèques mazout ont été octroyés à certains pans de la population. Malheureusement, ces solutions se révèlent aujourd’hui n’être que des pis-aller au regard de la crise qui perdure et dont on ne semble pas voir la fin. En effet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie déclenchant ainsi une guerre aux portes de l’Europe se poursuit et le maître du Kremlin ne semble pas montrer des signes allant dans le sens d’un desserrement de l’étau autour de l’Ukraine et ce, malgré les sanctions économiques, principalement européennes et américaines, qui frappent son pays et ses oligarques. Le mouvement « Don’t Pay UK » risque bien de traverser la Manche et de contaminer les esprits ou de susciter des velléités de résistance.

Les citoyens de l’Europe continentale sont également touchés par l’inflation et l’augmentation des prix de l’énergie.

La grogne monte aussi au sein des populations européennes et de timides manifestations ont lieu ci et là pour attirer l’attention des dirigeants sur les difficultés du quotidien des ménages. Davantage de citoyens risquent de basculer sous le seuil de pauvreté entraînant ainsi une disparition de la classe moyenne et aboutissant à la création d’une société beaucoup plus duale avec d’un côté, les riches et les très riches et, de l’autre, les pauvres et les très pauvres. Et cerise sur le gâteau, un fossé qui ne cessera de se creuser.

La crise a aujourd’hui rabattu toutes les cartes et remis en cause les mécanismes mis en place pour garantir une meilleure répartition des richesses et protéger les plus faibles financièrement. Sans compter que la crise du Covid-19 et d’autres épidémies menaçantes (variole du singe, etc.) ont complètement changé les habitudes des uns et des autres.

Les dirigeants européens doivent anticiper les événements et les réactions. Ils doivent préparer des batteries de nouvelles mesures à proposer aux citoyens européens afin d’éviter l’émergence de mouvements de contestation.