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Opinion. La tension géopolitique monte autour de l’alliance de l’Algérie avec la Russie et l’Iran pour contrôler le Sahel

Le President algérien, Abdelmadjid Tebboune, est présenté aujourd'hui comme un allié de son homologue russe, Vladimir Poutine en Afrique. AFP

L’inquiétude de l’Union Européenne (UE) et des États-Unis concernant les relations de plus en plus étroites entre l’Algérie, la Russie et l’Iran grandit. Plusieurs rapports de l’UE et des informations journalistiques rapportées par des médias tels que CNN ou Le Monde indiquent que l’intention du régime algérien est de faciliter l’installation de bases militaires russes au Sahel avec l’aide de l’Iran.

Le régime algérien recevrait un approvisionnement important en drones de l’Iran, qui iraient directement à la milice armée du Front Polisario, un groupe qui jouit du soutien des autorités algériennes dans sa lutte contre le Maroc.

L’Iran, qui opère  de manière similaire en approvisionnant le groupe terroriste Hezbollah, entend implanter la branche la plus radicale de son islamisme au Sahel et au Sahara, en recourant à  l’appui du système militaire algérien. « Le Monde » a publié un article indiquant que le Gouvernement algérien aurait autorisé le groupe de mercenaires Wagner (qui combat actuellement en Ukraine sous les ordres du président russe Vladimir Poutine) à pénétrer au Sahel pour atteindre le Mali. Cette présence a conduit au départ de la France de ce pays africain et a porté un coup dur à la coalition dirigée par les États-Unis pour mettre fin au terrorisme dans la région.

L’Algérie, allié de la Russie

Le Gouvernement algérien est devenu un allié ferme de la Russie et on estime qu’il lui achète annuellement pour quelque 10 milliards de dollars d’armes, ce qui financerait la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine. Pour l’année 2023, l’Algérie prévoit d’allouer 23 milliards de dollars à l’achat d’armes, dont plus de la moitié serait de fabrication russe.

En septembre 2022, les États-Unis exprimaient déjà leur inquiétude quant au financement par l’Algérie de la guerre de la Russie contre l’Ukraine et réclamaient l’application de sanctions contre ce pays d’Afrique du Nord.

L’alliance militaire s’est traduite, ces derniers temps, par des manœuvres conjointes, principalement maritimes, menées entre les deux pays en Méditerranée. Alger a mis ses ports et ses navires à la disposition de la Russie. Elle a également participé à d’autres exercices militaires menés par les deux pays dans le passé, tant dans le Caucase qu’en Sibérie, ainsi qu’en Afrique du Nord.

La Russie renforce sa présence en Afrique

Jesús Sánchez Lambás, Vice-président de l’Institut Coordinates pour la gouvernance et l’économie appliquée, souligne que les informations disponibles permettent de prédire un double scénario d’instabilité qui permettrait à la Russie d’avoir une bride sur l’Union Européenne : l’Ukraine au Nord et le Sahara au Sud, aggravant la crise d’approvisionnement énergétique.

Alors que le drame humanitaire au Nord concentre toute l’attention politique et médiatique des États-Unis et de l’UE, la situation au Sud est perçue comme quelque chose de lointain et de culturellement étranger à l’Occident. Les puissances occidentales doivent anticiper la catastrophe prévisible en renforçant leurs relations avec les rares partenaires fiables dans la région, comme le Maroc. Il commence à être tard.

Fenelon MASSALA
Détenteur d’un Master 2 de l’ESJ de Lille

Grand Reporter à Financial Afrik et à l’hebdo Les Afriques
Ancien pigiste à l’humanité & à Afrique Agriculture.