L'EUROPE SAUTE DANS L'INCONNUE

Edito : Ursula von der Leyen, un choix par défaut qui risque de ternir l’image de l’Europe

Ursula von der Leyen, une probable réélection qui interpelle. AFP

Les 720 eurodéputés se prononceront ce jeudi après-midi 18 juillet sur la candidature de la présidente sortante de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Après un premier mandat de 5 ans, l’Allemande bataille pour être reconduite à la tête de l’exécutif européen. Mais son combat est loin d’être gagné et sa réélection pour un nouveau mandat de 5 ans risque de se faire au terme d’un vote étriqué. Ce ne sera pas un raz de marée, car la présidente sortante de la Commission européenne est lestée par la polémique sur les contrats d’achats des vaccins anti-Covid-19.

Son refus de jouer la transparence totale dans le dossier marqué notamment par la polémique sur les messages SMS échangés avec le patron de la firme Pfizer, mais qui seraient effacés, et le conflit d’intérêt qui entoure les relations professionnelles de son mari avec le fabricant du vaccin anti-Covid-19 jettent une ombre de suspicion sur son action à la tête de l’institution européenne. Les deux arrêts rendus ce mercredi 17 juillet par le Tribunal européen donnant raison aux plaignants qui dénoncent justement l’absence de transparence dans le dossier des achats de vaccins anti-Covid-19 ont écorné encore un peu plus sa crédibilité et renforcé la suspicion légitime qui plane sur son rôle dans le dossier.

La plainte au pénal avec constitution de partie civile déposée par le Belge Frédéric Baldan (suivi par des centaines de citoyens européens ainsi que la Pologne et la Hongrie) laisse planer une sérieuse menace judiciaire sur Ursula von der Leyen.

La plainte au pénal avec constitution de partie civile déposée par le Belge Frédéric Baldan (suivi par des centaines de citoyens européens ainsi que la Pologne et la Hongrie) laisse planer une sérieuse menace judiciaire sur Ursula von der Leyen. Peut-on prendre le risque de reconduire dans ses fonctions la dirigeante de l’une des plus importantes institutions européennes, alors qu’elle risque d’être convoquée pour audition par un juge d’instruction, voire d’être inculpée pour corruption ou destruction de documents administratifs ?

Poser la question, c’est déjà y répondre. Certes, des observateurs mettront en avant son bilan, notamment une relative stabilité financière de l’Europe ou encore une dénonciation quasi unanime par les dirigeants des pays membres de l’Union de l’invasion russe de l’Ukraine et un soutien inébranlable aux peuple ukrainien. Mais force est de constater que l’extrême droite ne cesse de progresser dans les pays européens, de même que les actes antisémites. Sans oublier que le fossé entre l’idéal européen et les citoyens du continent est loin d’être comblé.

Blâmer les citoyens européens face à ces phénomènes qui menacent le continent serait une erreur monumentale. Car, c’est justement parce que les dirigeants ne sont pas irréprochables et oublient qu’ils ont un devoir d’exemplarité quand ils s’occupent des affaires publiques qu’ils ouvrent un boulevard pour les idées extrémistes.

Peut-on prendre le risque de reconduire dans ses fonctions la dirigeante de l’une des plus importantes institutions européennes, alors qu’elle risque d’être convoquée pour audition par un juge d’instruction ?

A l’heure où le risque est grand que les USA élisent un président qui ne respecte rien et surfe sur la vague du populisme négatif ou, à défaut, maintiennent un président sortant qui montre des signes de sénilité, l’Europe se doit d’être forte. Mais ce n’est pas avec une dirigeante décrédibilisée que l’Europe pourra s’affirmer comme une puissance qui compte. Même dans son groupe politique (PPE), elle ne fait pas l’unanimité autour de sa reconduction. Pas plus que chez les alliés (Renew Europe) de son bord politique, ni chez l’opposition (Verts, extrême gauche). Mais le problème est qu’il n’y a pas d’autres candidats pour succéder à Ursula von der Leyen. La situation donne l’impression que tout a été fait pour n’avoir qu’une seule candidature : la sienne.

Or sa reconduction à la tête de l’exécutif européen risque de plonger l’Europe dans l’inconnu, alors que la guerre est sa porte et que l’instabilité menace d’autres contrées du monde (Asie, Amérique latine, Afrique).