EDITO

La France a pris le chemin d’un pays ingouvernable

Le président Emmanuel Macron et la Première ministre française, Elisabeth Borne. AFP

Le second tour des élections législatives en France a livré ses résultats. L’alliance présidentielle, Ensemble ! décroche une majorité, mais celle-ci est étriquée, prise en étau entre la Nouvelle union progressiste, écologiste et sociale (NUPES), revigorée et cornaquée par le tribun, Jean-Luc Mélenchon, et le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, à un niveau jamais atteint. Vu les forces en présence dans la future Assemblée nationale française et si les partis de la NUPES ne s’entendent pas pour parler d’une seule et même voix, le parti lepéniste, avec 89 députés (contre 8 sous la précédente législature), sera la première force d’opposition du second quinquennat du président, Emmanuel Macron.

Malgré une belle percée avec 131 députés à l’Assemble nationale, la NUPES n’a pas réalisé l’exploit attendu par son leader, Jean-Luc Mélenchon, de décrocher autant de sièges au point d’être incontournable et d’ainsi faire nommer ce dernier au poste de Premier ministre. Désormais, leurs dirigeants verront la bouteille à moitié pleine et vont crier victoire, mais force est de reconnaître que c’est le RN qui a gagné les législatives en France. Cette victoire de l’extrême droite est d’autant plus inquiétant qu’elle traduit un mouvement de fond qui prend de l’ampleur et ne fait que croître. Grâce à une stratégie soigneusement élaborée, laissant les relents du refus de l’étranger au parti Reconquête d’Eric Zemmour, qui au passage ne décroche aucun siège, au profit de thèmes chers à la population comme le pouvoir d’achat, la sécurité et la défense du Français moyen, Marine Le Pen a rendu le RN si fréquentable que les électeurs ont de plus en plus envie de lui confier des responsabilités.  Or, même si le RN pose les bonnes questions et s’est emparé des vrais sujets de préoccupation de la population, les réponses que le parti d’extrême droite y apporte sont loin de faire de l’Hexagone un havre de croissance économique et de bien-être.

Le parti lepéniste, avec 90 députés (contre 8 sous la précédente législature), sera la première force d’opposition du second quinquennat du président, Emmanuel Macron.

Même si elle a décroché 245 députés avec ses partenaires (Horions, Modem), l’alliance présidentielle essuie un échec cuisant en ne décrochant pas la majorité absolue (alors que le parti présidentiel, LREM l’avait à lui-seul sous la précédente législature). Des figures importantes de la macronie ont sombré, notamment l’ancien ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner et le président sortant de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. Par ailleurs, trois ministres du nouveau gouvernement, à peine installés, vont devoir réorienter leur carrière : Brigitte Bourguignon (Santé), Amélie de Montchalin (titulaire d’un portefeuille important qu’est la Planification écologique) et Justine Bénin (Mer). Le remaniement du gouvernement est donc inévitable après ce second tour des législatives et il faudra le réussir pour éteindre les incendies…

Emmanuel Macron ne pourra plus réformer la France comme il le souhaitait, il se retrouve, à l’issue du second tour, assiégé par les deux partis de l’extrême.

Emmanuel Macron ne pourra plus réformer la France comme il le souhaitait, il se retrouve, à l’issue du second tour, assiégé par les deux partis de l’extrême (La France insoumise et ses alliés au sein de la NUPES, le RN). Il va devoir se lancer dans un exercice délicat et difficile de recherche de majorité au cas par cas (notamment avec le parti Les Républicains qui décroche 61 sièges de députés) en fonction des intérêts des alliés de circonstances. Avec les résultats du second tour des législatives, la France sera difficile à gouverner, ce qui facilitera encore un peu plus la montée des extrêmes. Sauf si l’alliance présidentielle et le président Macron arrivent à trouver la recette (magique ?) permettant de contenter de futurs alliés tout en apportant des solutions concrètes, solides aux problèmes principaux des Français et surtout aux jeunes (augmentation du pouvoir d’achat, sécurité, emploi, aider les jeunes à entreprendre, etc.). L’équation n’est pas simple, mais elle n’est pas impossible à résoudre.