EDITO

Energie : double peine pour les ménages, l’économie et l’Etat


Sept mois après avoir envahi l’Ukraine, déclenchant ainsi une guerre aux portes de l’Europe, la Russie de Vladimir Poutine ne montre aucune volonté de desserrer l’étau autour de son voisin. Au contraire, le tsar de Moscou a décrété une mobilisation partielle en Russie avec, entre les lignes, la menace d’utiliser l’arme nucléaire s’il le faut pour mettre Kiev à genoux. L’Europe et plusieurs pays du monde ont réagi en prenant de nombreuses sanctions économiques pour obliger le président à renoncer à son funeste projet. Mais visiblement celles-ci n’ont pas d’effet sur la détermination du maître du Kremlin. Ces mesures de rétorsion font plus de tort à l’Europe.

Rien que sur la question énergétique, la décision de Vladimir Poutine de fermer progressivement le robinet du gaz naturel russe vers l’Europe fait greloter l’Europe. La conséquence des décisions du président russe est une réduction de l’offre de gaz naturel sur le marché face à une demande en hausse et à la clé, une augmentation significative des prix sur le marché. Même les pays comme la Belgique qui importent moins de gaz russe sont pénalisés, car ce sont les prix du marché qui comptent. Une autre conséquence est le fait que les prix de l’électricité sont liés à ceux du gaz, ce qui tire de facto ceux-ci vers le haut.

L’Europe trinque car les sanctions économiques contre la Russie font aussi du tort à son économie ainsi qu’à ses populations et ne semblent pas arrêter le conflit.

Aujourd’hui, après plus de sept mois de guerre, l’Europe trinque car les sanctions économiques contre la Russie font aussi du tort à son économie ainsi qu’à ses populations et ne semblent pas arrêter le conflit. En effet, les entreprises sont confrontées à une hausse des prix de l’énergie et certaines réduisent déjà leur production afin d’imposer une cure d’amaigrissement à leurs factures d’énergie. Ce faisant, en diminuant leurs activités, elles sont obligées, au mieux, de mettre une partie de leur personnel au chômage, au pire de se séparer de travailleurs. Des travailleurs qui, comme pour d’autres ménages belges, sont confrontés à la hausse de la facture énergétique et à la baisse de leur pouvoir d’achat. Et c’est ici que le cercle vicieux s’installe. Car la baisse du pouvoir d’achat des ménages se répercutera sur les entreprises, car leurs recettes vont chuter, ce qui entraînera de nouvelles décisions négatives pour l’emploi. Et pour les caisses de l’Etat, c’est une baisse de différentes recettes (TVA, impôts, etc.).

Pire encore, les entreprises européennes sont en train de perdre des parts de marché à l’international au profit principalement de groupes asiatiques ou même russes. De plus, les pays européens sont aussi en train de perdre leur pouvoir d’influence, notamment en Afrique.

A cette allure, les paramètres sont réunis pour que l’économie européenne plonge dans une sérieuse récession. Sans oublier la grogne sociale qui monte.

A cette allure, les paramètres sont réunis pour que l’économie européenne plonge dans une sérieuse récession. Sans oublier la grogne sociale qui monte. A l’instar d’autres pays européens, la Belgique essaie de la contenir en prenant des mesures pour soulager un peu la facture énergétique des ménages. Mais celles-ci s’avèrent insuffisantes et ne semblent pas calmer le mécontentement des citoyens. Ces derniers commencent à se poser des questions. Ils se demandent si finalement la promesse que les gouvernants ont faite sur l’impact des sanctions économiques sur le président russe n’est pas en train de tourner au fiasco. Ils constatent que ce dernier poursuit sa guerre en Ukraine au prix de massacres et de crimes. Et pour eux, des difficultés à joindre les deux bouts. Il ne s’agit pas ici de comparer les souffrances qu’endurent le peuple ukrainien et les difficultés au quotidien des ménages belges (et européens), mais ceux-ci questionnent l’efficacité des sanctions prises jusqu’à présent et se demandent s’il ne faudrait pas changer de stratégie